Sélectionner une page

Je voulais vous parler de Mya, de son vrai nom Dara PRT, ma deuxième jument qui est arrivée chez moi le 18 janvier 2024. Je vais vous retracer son histoire, ou du moins ce que j’en connais à ce jour.

Mya est née au Portugal en 2017 et y a grandi jusqu’à l’âge de 4 ans et demi ou 5 ans. Elle est donc ONC Lusitanienne. Malheureusement, elle a été victime des clichés associés aux chevaux ibériques nés en Espagne ou au Portugal (ce qui, heureusement, n’est pas le cas de tous). Mais Mya, elle, n’a pas eu cette chance. Bien que je ne connaisse pas en détail les traitements qu’elle a subis et ce qu’elle à vu là bas, son comportement actuel laisse clairement entrevoir qu’elle a été maltraitée, brutalisée, frappée, entravée… Bref, elle a grandi dans un environnement où l’humain n’était pas un allié, mais plutôt un bourreau, et la violence, la séparation avec les siens, et le stress étaient une triste habitude. Elle porte encore de profondes séquelles, tant physiques qu’émotionnelles et psychologiques.

En mai 2021, Mya est importée du Portugal dans une écurie spécialisée dans la revente de chevaux ibériques. Une annonce avec une unique vidéo, qui montrait clairement qu’elle était inapprochable et complètement paniquée, la présentait comme une jeune jument débourrée, mais encore « verte » dans le travail, agréable et sage lors de la préparation. Ce descriptif, soit mensonger, soit inconscient, ne reflète pas du tout la réalité. Même aujourd’hui, trois ans plus tard, elle est loin de n’être que « verte » dans le travail…

Mya ne reste que quelques jours dans cette écurie avant de rejoindre Émilie, sa première gardienne française. Passionnée par les chevaux ibériques, cette dernière se voit offrir cette petite merveille par son mari. Il faut dire que cette jument a de quoi séduire : elle est magnifique, avec des allures incroyables ! Mais dès le lendemain de son arrivée dans son nouveau foyer, elle se révèle être totalement inapprochable et traumatisée par le contact humain. Il est impossible de l’approcher ou de lui mettre un licol. Une fois attrapée, elle se fige complètement, n’ose ni brouter en longe, ni marcher ailleurs que derrière la personne qui la tient et encore… Le parage des sabots a été un travail pendant plus de deux ans, et même aujourd’hui, cela reste difficile et anxiogène pour elle. Quant à la monter, cela relève de l’inconscience : elle est totalement paniquée et imprévisible. En résumé, elle est très mal à l’aise avec l’humain, une cocotte minute prête à exploser à chaque instant qui intériorise tout, à tendance à figer, jusqu’à ce qu’un fantôme du passé qui peut être n’importe quoi ne la mette en panique…

Heureusement, malgré tout, Mya n’a jamais développé de comportements agressifs ou défensifs. Émilie l’a gardée environ deux ans et demi, lui redonnant peu à peu confiance en elle-même et en l’humain. Bien que le chemin soit encore long, Emilie et Mya ont développer un lien fort. Il est vrai que cette jument a quelque chose de particulier, une émotivité si communicative qu’on ne peut l’ignorer lorsqu’on la rencontre.

Malheureusement, Émilie a fini par se rendre compte qu’elle ne pouvait plus l’aider davantage et a décidé, à contrecœur, de s’en séparer pour lui offrir une chance d’évoluer encore et d’être plus à l’aise dans sa vie avec les humains. En décembre 2023, elle a donc publié une annonce entièrement transparente, décrivant en détail les traumatismes de Mya, ses réactions soudaines, inexpliquées, et parfois dangereuses, dans l’espoir de lui trouver enfin SA famille pour la vie.

C’est à ce moment-là que mon histoire avec cette jument extraordinaire commence. J’ai répondu à l’annonce, sans trop savoir pourquoi. Des chevaux traumatisés, j’en vois tous les jours, et même si cela me fend le cœur, je ne me sens pas toujours capable d’intervenir. Mais cette fois, j’ai répondu, non dans l’intention de l’acheter (du moins, pas consciemment), mais dans le but d’aider et d’en apprendre plus dans le cadre de ma formation en comportementalisme équin. Comme elle n’était qu’à une heure de route, j’ai proposé mes services pour aider Mya à rester dans sa famille actuelle ou à trouver une nouvelle famille sereine, grâce à des méthodes de renforcement positif, de communication animale et de travail énergétique.

Après une longue discussion avec Émilie, il est devenu clair qu’elle ne la garderait pas, la garder étant trop difficile émotionnellement au quotidien, ce n’est effectivement pas anodin d’avoir une jument traumatisée dans sa vie… Nous avons convenu que je ferais quelques séances de communication animale (CA) avec Mya pour l’aider à préparer ce nouveau départ. Une visite était prévue pour la belle dans les jours suivants, et bien que je n’aie pas envisagé d’acheter un autre cheval, je m’étais dit que si l’occasion se présentait, j’irais peut-être simplement la rencontrer si personne ne l’achetait.

Peu après cette visite, Mya a été réservée par une jeune femme, pour qui ce fut un véritable coup de cœur. Émilie m’a informée de la nouvelle, et je me suis réjouie pour elle. Je pensais que mon histoire avec elle s’arrêtait donc là. Mais je me trompais…

Quelques jours plus tard, le 21 décembre 2023, Émilie me recontacte pour m’informer que l’acheteuse s’était rétractée pour des raisons familiales. Elle me demande si je souhaite venir rencontrer Mya. J’avais tourné la page, mais je m’étais promis de laisser faire le destin, et là, il me faisait un signe !

Le 23 décembre, je suis donc allée rencontrer Mya.

Ce jour de notre rencontre, Un regard, un coup de cœur, une évidence… 

Ce jour-là, j’étais pleine de questions et d’émotions. Comment cette rencontre allait-elle se dérouler ? Mya allait-elle m’accepter ? Allions-nous ressentir une connexion ? Comment était-elle vraiment, cette petite jument traumatisée qui revenait dans ma vie ?

Émilie l’avait placée dans un petit espace du pré pour faciliter l’approche. Mya était encore craintive avec les étrangers et il était parfois difficile de lui mettre un licol. À mon arrivée, elle m’a regardée, puis a détourné les yeux, avant de me regarder à nouveau et de tourner le dos. Elle n’était pas à l’aise, mais sa curiosité l’emportait. Après quelques minutes de patience, en acceptant de ne pas lui imposer ma présence mais plutôt la laisser venir à moi, j’ai pu lui passer le licol calmement, en suivant la technique d’Émilie : d’abord la muserolle puis la têtière, car il était intolérable pour elle que l’on passe un bras au-dessus de son encolure, cela la mettait en panique et la faisait fuir immédiatement.

Nous sommes sorties du pré, avons fait quelques pas et tenté de brouter un peu d’herbe. C’était un moment hors du temps, chargé d’émotions. Je bâillais toutes les 30 secondes et mes yeux s’embuèrent à plusieurs reprises. Mya me touchait profondément. Son regard, à la fois perçant et fuyant, trahissait sa complexité intérieure. Cette jument est pleine d’ambivalences, d’émotions et de désirs contradictoires, mais ce jour-là, elle m’a accordé un tout petit peu de sa confiance pour la première fois.

Je ne m’en suis pas rendue compte immédiatement. Concentrée sur elle, sur l’observation de ses comportements et émotions (déformation professionnelle !), je n’écoutais pas vraiment les miennes. Après deux heures passées avec Mya et à échanger avec Émilie, je lui ai dit que la rencontre avait été merveilleuse, mais que j’avais besoin de réfléchir de façon rationnelle. Je n’avais pas prévu d’acheter une deuxième jument, et je ne prenais pas cette décision à la légère, ce qu’Émilie a parfaitement compris.

Je suis donc repartie pour deux jours de réflexion intense, à me poser mille questions et à demander conseil à mes proches. C’est à ce moment-là que les émotions ressenties lors de notre rencontre sont remontées en moi, et je me suis dit que non seulement Mya correspondait parfaitement à mon projet de vie, mais qu’elle n’était pas revenue sur mon chemin par hasard. 

Le 25 décembre, j’ai écrit à Émilie pour lui annoncer ma décision de devenir la nouvelle gardienne de Mya. Sa réponse m’a émue aux larmes. Elle m’a dit qu’elle la laisserait partir sereinement avec moi.

C’était décidé : Mya allait rejoindre ma vie le 18 janvier 2024, et je me sentait soulagée et en accord avec cette décision je n’en ai plus jamais doutée.

La suite de nos aventures ensembles, du jour de ma décision à aujourd’hui en passant pas de multiples rebondissements, sur mon compte Instagram caval.aura et dans de prochains articles.

Merci de m’avoir lue, en espérant que cette histoire résonnera et aidera plein d’autre gardien de chevaux d’ayant pas toujours connu le bonheur…

Screenshot